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– Le piteux résultat du traité de Lisbonne |
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Montagnes et souris: les accouchements du Léviathan
Barroso, Van Rompuy, Ashton… En dépit de la joie et de la fierté que peuvent susciter en Belgique la nomination de notre Premier ministre au poste de premier président permanent du Conseil de l’Union européenne, force est de constater que c’est un trio peu enthousiasmant qui incarnera l’Europe désormais, dans la nouvelle configuration établie par le traité de Lisbonne. Herman Van Rompuy, un candidat dont les Belges ont des raisons de croire qu’il conviendra parfaitement au poste d’ingénieur de compromis que représentera sa nouvelle fonction, a été sacré par ses pairs pour une seule raison : aucun dirigeant européen ne le connaissait trop bien, puisqu’il n’a pas eu le temps, en un an, de se faire des ennemis. Personne n’avait donc trop d’arguments à opposer à sa nomination. En complément à la nomination de ce « presque inconnu » en Europe et dans le monde, l’hypothèse de nommer un grand format diplomatique au poste, beaucoup plus en vue, de haut représentant aux Affaires étrangères avait un moment tenu la corde : le ministre actuel des Affaires étrangères britannique, le travailliste David Miliband, l’Italien Massimo d’Alema ou l’Espagnol Miguel Anguel Moratinos, étaient des candidats qui ne manquaient pas de panache. Mais en fin de compte, les arrangements politiques d’arrière-salle ont débouché sur le choix de Cathy Ashton : même dans les douze derniers mois, les seuls où elle ait occupé une fonction internationale (commissaire européenne au Commerce), on a peine à trouver la moindre mention de quelques faits d’armes. On dira ce qu’on veut : ce n’est pas ce duo qui fera rêver l’Europe et en imposera à Barack Obama, Hu Jintao, Vladimir Poutine ou Ignazio Lula da Silva… Enfin, la manière dont ces nominations, premières décisions de l’Union européenne « nouvelle formule », sont intervenues, est loin, très loin des objectifs qui sont à l’origine du traité de Lisbonne qui les institue. Rappelons que la gestation de ce Traité avait été initiée, lors d’un sommet à Laeken, afin notamment de « rapprocher les institutions européennes du citoyen », et de rendre l’Union « plus démocratique, plus transparente et plus efficace ». Les dirigeants de l’Union européenne ont, par leur première décision de ce qui devait être un nouveau début, pitoyablement poursuivi une pratique politique opaque et dépourvue d’ambition. (Le Soir, 19/11/2009).
Ainsi, c’est à cela qu’aboutit ce fameux traité dont l’objectif officiel était de mieux faire fonctionner les institutions politiques européennes, et l’objectif officieux de parachever la création d’un Etat européen permettant aux milieux dirigeants d’échapper au contrôle des citoyens dans leurs pays respectifs. Le long et coûteux processus qui était passé notamment par trois consultations populaires négatives, en France, en Hollande et en Irlande, avait nécessité des reformulations, des négociations, des exceptions, des pressions, des ratifications parlementaires, suivant la panoplie habituelle du contournement de l’opinion publique familier à la politique européenne des Etats. Il aboutit au choix de personnalités médiocres, à la mode soviétique, soit par manque de leadership disponible, soit par volonté de la part des « grands » Etats de contrôler la situation en sous-main. Mais aussi à la mise en place d’une structure complexe et bureaucratique, avec un Président « stable » mais au mandat bref, une confusion des rôles entre le Conseil et la Commission, une présidence tournante aux pouvoirs affaiblis mais qui persiste. Etrange processus, étrange organisation s’il s’agit vraiment de « rapprocher les institutions européennes du citoyen », et de rendre l’Union « plus démocratique, plus transparente et plus efficace». Mais est-ce réellement le but recherché ? A quoi bon avoir dépensé l’argent de l’Europe et violé la démocratie, si c’était pour parvenir à un tel résultat? Le Nouveau Léviathan européen s’empêtre dans des insuffisances et ses contradictions.
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