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– L’UE autosatisfaite: la mutation bureaucratique du projet européen

LeviathanLe Léviathan européen

1, Les 13 pays de la zone euro émettront cette semaine une pièce de deux euros spéciale à l’occasion du 50e anniversaire de la signature du traité de Rome. Tous les exemplaires sont illustrés avec un livre ouvert sur un fond représentant la place du Capitole, à Rome, et portent la mention "traité de Rome" dans l’idiome du pays. La Belgique, seul pays doté de trois langues officielles, a opté pour l’expression latine "pactum romanum", tandis que l’Irlande a fait figurer la mention en gaélique. C’est la première fois que tous les pays de la zone euro émettent une pièce de deux euros présentant une même face pour commémorer un événement. Des pièces commémoratives ont déjà été émises par le passé, par exemple en Grèce pour les Jeux Olympiques d’Athènes ou en Espagne pour le 400e anniversaire de la première édition de Don Quichotte. (Belga 22/03/2007)

2, L’euro est le dernier avatar d’importance du projet, démarré en 1985, de construire un grand marché européen. Les conditions d’introduction de l’euro ont privé les Etats membres d’une partie importante de leurs prérogatives en matière de politique économique. Interdits de politique budgétaire et interdits de politique monétaire, les pays européens se sont tous rabattus sur deux choix politiques : baisser la fiscalité, notamment l’impôt des sociétés, et modérer les salaires. Au total, en l’absence d’harmonisation sociale et fiscale et d’un vrai pouvoir économique au niveau européen, l’euro est objectivement devenu un moyen, parmi d’autres, pour renforcer une compétition économique dommageable, pour les travailleurs et pour les citoyens. C’est bien plus grave que les – modestes – hausses de prix "chipées" au passage par quelques commerçants ou cafetiers. (22/03/2007, Institut pour un Développement Durable).

3, "La voix de tous ceux qui ont ratifié la Constitution, et ils sont aujourd’hui les plus nombreux, n’est pas audible. Nous avons voulu rétablir une sorte d’équilibre dans le débat actuel et dans les débats à venir. 18 États membres ont ratifié la Constitution. Cela fait deux tiers des pays de l’Union européenne. On ne peut pas passer par pertes et profits ces votes. En nous réunissant à Madrid, nous voulons envoyer un message positif à tous les pays qui n’ont pas encore ratifié et qui doivent le faire. Si nous respectons les deux pays qui ont dit "non" pour l’instant, la France et les Pays-Bas, tout le monde doit comprendre qu’il faut aussi respecter le choix contraire, à savoir le "oui" de 18 autres États souverains." (déclarations du politicien luxembourgeois Nicolas Schmidt en marge de a réunion informelle des « 18 » à Madrid le 26 janvier 2007, Le Quotidien du 25-01-2007).

1, A propos de la pièce nouvelle, on notera, d’une part, la récupération du traité de Rome par l’euro, et d’autre part, la connotation étonnamment impériale de l’expression « pactum romanum »…

2, Le traité de Rome de 1957 créait somme toute une Europe protectrice, avec la préférence communautaire, et dynamique, avec la suppression des barrières douanières internes. C’est surtout depuis le traité de Maastricht inspiré par l’Etat français, en 1992, que le dérapage s’est produit vers la construction d’un Etat supranational.

3, L’euro, instrument essentiel de cette construction, a été source de dévastation économique – chômage et inflation. Nous avions prévu ces conséquences dès avant 1998. L’adoption de l’euro n’a pas permis à l’Union de faire face au ralentissement économique du début 2001. Les dirigeants européens ont été incapables d’enrayer la glissade du dollar, qui a pénalisé les exportations européennes. Alors qu’au milieu de son mandat, l’Administration Bush laissait filer ses déficits budgétaires, les pays européens se retrouvaient pris à contre-pied, brusquement étranglés par l’étau du pacte de stabilité, et incapables de surcroît, de réformer leur instrument budgétaire fétiche.

4, L’« appel des 18 » est présomptueux: il ne faut pas oublier que dans nombre de pays qui ont ratifié le traité constitutionnel, les citoyens n’ont pas été consultés, le traité ayant été ratifié par simple voie parlementaire. Les études d’opinion montraient souvent l’hostilité des citoyens au traité. Les méthodes utilisées dans le processus de mise en place de l’Etat européen sont toujours les mêmes: ses partisans recourent à un catastrophisme intimidant, s’attribuent des vertus de dynamisme, amalgament l’Europe avec l’Union Européenne…lorsque les électeurs votent contre, on les fait revoter; ou bien on essaie de contourner le verdict des urnes en évitant de les consulter.

5, Le projet de constitution européenne consiste à étatiser la société en organisant un Etat supra-national aux prérogatives régaliennes. Ce Léviathan incontrôlable est non seulement inutile, mais dangereux. En 2005 en France et aux Pays-Bas, les peuples ont intuitivement senti qu’on les emmenait là où ils ne devaient pas aller, et ils ont fait leur choix en conséquence.

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