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– Les dangers du pouvoir médical

  Les hôpitaux plus meurtriers que la route

1)  Victime d’une grave infection, Mariana Bridi da Costa, un mannequin brésilien âgé de 20 ans qui a été candidate pour représenter son pays au concours Miss World, a dû subir des amputations des pieds et des mains et se trouve toujours dans un état critique. Soignée fin décembre pour des calculs rénaux, Mariana Bridi a vu son état empirer, la forçant à retourner à l’hôpital deux jours plus tard. Il s’est avéré que la jeune fille souffrait en fait d’une très grave infection, qui a conduit à l’amputation de ses pieds et de ses mains. Suite à ces opérations, la mannequin a encore dû subir une troisième intervention à cause d’une hémorragie interne. Mariana Bridi figurait parmi les candidates brésiliennes arrivées en finale nationale pour le concours Miss World en 2006 et 2007. Elle a remporté un prix au concours Miss Bikini International organisé en 2007 en Chine, où elle a terminé 6e sur 50 participantes (7sur7, 23/01/09).
2) En Belgique, plus de 1.500 personnes décèdent chaque année suite à une hospitalisation, écrit lundi la presse francophone qui se base sur des données du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCF) provenant d’un chercheur de la KUL. Ces personnes meurent à la suite d’un “évènement indésirable” survenu dans un centre de soins. Il s’agit, selon le KCF, “d’une lésion ou d’une complication non intentionnelle, entraînant une invalidité, la mort ou une prolongation du séjour hospitalier pour le patient et imputable à la gestion des soins hospitaliers plutôt qu’à la pathologie du patient”. Selon Baudouin Byl, médecin hygiéniste à l’hôpital Erasme à Bruxelles, “les évènements indésirables oscillent entre 6 et 10pc des admissions à l’hôpital”. La société mutualiste Medical Services fait quant à elle état de 20.000 erreurs médicales chaque année, dont 2.000 débouchent sur le décès des patients (Belga 19/01/2009).

3) Des facteurs culturels ont une influence sur la quantité d’antibiotiques utilisée par les habitants d’un pays. Les Belges en consomment beaucoup, indique une étude comparative qui vient de paraître menée par le Dr. Reginald Deschepper de la Vrije Universiteit Brussel en collaboration avec d’autres universités européennes. Deux dimensions culturelles apparaissent comme signifiantes par rapport à la consommation d’antibiotiques: la difficulté à faire face à l’incertitude et la défiance envers l’autorité. La difficulté à faire face à l’incertitude vise à analyser dans quelle mesure les personnes sont prêtes à accepter l’incertitude et le manque de clarté des situations médicales. Dans les pays où ce score est faible comme aux Pays-Bas, les médecins et les patients acceptent relativement facilement de vivre avec cette incertitude et attendent de voir l’évolution. De cette manière, ils évitent en général le recours aux antibiotiques. La deuxième dimension liée à la consommation d’antibiotiques est la défiance par rapport à l’autorité. Dans les pays où la confiance est élevée, comme la Belgique, les patients suivent le jugement des personnes qui ont autorité, les médecins. Ils ne ressentent donc pas le besoin de discuter de la nécessité d’utiliser des antibiotiques. Selon le Dr Deschepper, l’étude du rôle de la dimension culturelle peut nous aider à comprendre pourquoi dans certains pays comme la Belgique il est difficile de réduire le recours aux antibiotiques (La Libre 18/07/2008).

Cette reine de beauté est morte moins des effets de la maladie que de la barbarie charcutière du corps médical. Qu’eût été la vie de cette jeune fille amputée des mains et des pieds, des deux reins et d’une partie de l’estomac, si par hasard ces mutilations – perpétrées très probablement sans la moindre autorisation de l’intéressée ni de sa famille – lui avaient permis de rester en vie, ce qui comme on l’a vu très rapidement n’a pas été le cas ? Le fait est que le « medical divide » permet aux hommes en blanc de jouer les autorités sans recevoir le moindre contrepoids. C’est là l’une des illustrations les plus criantes de la vérité énoncée par Thomas Jefferson, suivant laquelle il ne peut y avoir de démocratie sans citoyens éduqués. Dans ce domaine, la crédulité du public, la dépendance physique mais aussi psychologique de malades inquiets ou déprimés, et l’impuissance de familles désemparées, ne connaissent pas de bornes.

Naturellement, les gouvernements sont venus conforter la faiblesse du contrôle par le public en faisant du monde médical une économie administrée et dirigée. Les prix sont fixés étatiquement,  une grande partie des hôpitaux sont “publics” (entendons: d’Etat). Le sacro-saint “remboursement” , dont les modalités sont fixés par l’Etat et non plus par la solidarité, booste le chiffre d’affaires des médecins et sélectionne à sa manière les “bonnes” pratiques, devenant la pierre angulaire d’un business protégé.  L’Etat intervient directement dans l’infantilisation du public: médicaments non-délivrés sans ordonnance (le médecin preste de façon obligatoire… mais se fait payer) ni sans preuve d’identité sur la base de documents d’Etat, hôpitaux qui refusent de prester sans prescription, contrôle individuel des quantités prises de certains médicaments, contrôles par les douanes… On se réfèrera également à l’étrange notion, introduite par les gouvernements, d’”autorité médicale”. Il faut se souvenir en toutes circonstances que le médecin est un technicien, qualifié certes, mais bien un technicien au service de son client, et non le contraire.

Le résultat de ce système mafieux est décrit par le rapport de la KUL: décisions thérapeutiques non contrôlées, bureaucraties hospitalières opaques et mal gérées, insuffisance de prestation, maladies propitiatoires, bavures médicales, « événements non désirables », etc.  Encore les chiffres cités, de 10 % de décès – déjà faramineux – , sont-ils probablement sous-estimés. Car pour pouvoir identifier un problème de diagnostic ou de gestion des soins, il faut qu’un contre-pouvoir lucide et actif s’interpose de façon contradictoire. Peu plausible, car constater les causes d’un décès par erreur ou l’existence de complications provoquées est du ressort… du corps médical. Il faudrait que ce dernier soit doué d’une fameuse capacité à se remettre en question pour qu’il agisse ainsi.

Evidemment, le principe d’un contrôle démocratique de la médecine par le public sera d’autant plus difficile à faire respecter que la population est tenue dans une ignorance totale son propre corps. La solution serait d’enseigner massivement la médecine, la psychologie et le développement personnel dès l’enseignement secondaire. Plutôt que d’assommer les jeunes à hautes doses avec Ronsard et Du Bellay, voire avec de l’algèbre, cela permettrait à terme à la population de s’auto-diagnostiquer plus facilement, de prévenir le développement de certaines pathologies et de participer à la conduite de sa propre thérapie. Dans une société déreglementée et en proie à des problèmes graves de santé publique, cela serait bien utile.

Il ne faut bien sûr compter ni sur la profession médicale ni sur l’Etat pour impulser une telle réforme, ni même pour en avoir l’idée. La médecine à la mode soviétique en serait trop secouée dans son pouvoir et son prestige, les ministères réglementeurs en seraient trop vidés de tout sens. Quant à l’étude du Dr Deschepper, elle utilise les échelles de Hofstede d’évitement de l’incertitude et de distance de pouvoir. Elle montre qu’en l’espèce, se sécuriser à l’intérieur d’une système hiérarchisé conduit à ne pouvoir maîtriser l’utilisation d’un médicament dont l’abus a des effets néfastes connus.

Une communauté retrouvée passe par l’abolition des prébendes et des chasses gardées attribuées à certains groupes particuliers – celles-ci nourrissent le pouvoir d’Etat, qui à son tour s’emploie à les conforter.
 

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