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– L’échec de la multiethnicité

La mort lente de la «société multiculturelle»

1, La justice danoise a renoncé début janvier, faute de preuves d’incitations à la violence, à poursuivre des imams établis au Danemark qui avaient effectué en décembre 2005 une "tournée" en Egypte, Syrie et Liban pour attirer l’attention sur la publication des caricatures et sur l’absence de réactions du gouvernement de Copenhague (lire aussi ci-dessous). En revanche, sont bien poursuivis devant la justice française, les responsables de "Charlie Hebdo" dont le procès se tiendra les 7 et 8 février pour atteinte à la loi qui punit "l’injure commise (envers) une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminées". L’hebdomadaire avait publié les caricatures dans la foulée du journal danois ainsi qu’une caricature de Cabu, en couverture de son numéro du 8 février 2006, représentant Mahomet sous le titre "Mahomet débordé par les intégristes" et déclarant : "C’est dur d’être aimé par des cons". Or, tout indique que les intégristes ont encore gagné du terrain dans les pays arabo-musulmans. Pour preuve, la censure qui a frappé, dans la Tunisie pourtant moderniste, la livraison de janvier-février de la revue "Historia" qui reproduisait une peinture figurant Mahomet au milieu de ses disciples. (La Libre 02/02/2007)

2, La "société multiculturelle" britannique survivra-t-elle aux prochaines élections ? Dans un important discours prononcé lundi, David Cameron, le chef du Parti conservateur et vainqueur probable du prochain scrutin, a fermement condamné une doctrine qui "sape la cohésion" de la nation. (…) Sa condamnation de la "société multiculturelle" inventée par Tony Blair et le "Nouveau Labour", devrait faire date. Pour M. Cameron, "le multiculturalisme a sapé la cohésion de la nation parce qu’il met l’accent sur ce qui nous divise plus que ce qui nous ramène l’un vers l’autre. Cette doctrine a été manipulée pour enraciner le droit à la différence (un concept qui nous divise) aux dépens du droit à un traitement égal (un concept qui nous unit). (…) Cette déclaration d’intentions survient à un moment important. Un centre de recherche proche du Parti conservateur, le "Populus for Policy Exchange", révélait lundi la radicalisation des jeunes musulmans qui préfèrent envoyer leurs enfants dans des écoles islamiques (37 pc), veulent que les lois islamiques, la charia, remplacent les lois britanniques (37 pc), souhaitent que les musulmanes portent le hijab ne laissant apparaître du corps que le visage et les mains (74 pc) ou admirent des organisations combattant l’Occident comme al Qaeda (13 pc). Ces chiffres montrent que loin d’assimiler les valeurs de la société britannique, comme l’imaginaient les experts et la classe politique, certains jeunes musulmans de 16 à 24 ans, interrogés par les enquêteurs, rejettent l’attitude infiniment plus tolérante de leurs parents. Cette radicalisation est d’autant plus surprenante que l’énorme majorité des musulmans (84 pc) estime avoir été traitée équitablement par la société anglaise et qu’une importante minorité (28 pc) estime que les autorités en font trop pour ne pas causer d’offense aux musulmans. (La Libre 02/02/2007).

Pour parler rigoureusement, aucune société ne peut, bien entendu, être « multiculturelle ». Si par hypothèse elle l’était, elle se désintégrerait immédiatement, comme lors du contact de la matière et de l’antimatière. La culture est le contrat social d’une société et il ne saurait y en avoir plusieurs concomitamment, même s’il peut y avoir des éléments de folklore localisés. L’expression employée par des politiciens épuisés tels que Blair ou Chirac témoigne de l’énormité de l’incompétence de ceux qui prétendent gouverner, habitués qu’ils sont, il est vrai, à jouer avec l’ambiguité, la contradiction dissimulée et le double langage.

La floraison de recherches montrant la radicalisation des jeunes hommes de la deuxième ou de la troisième génération issue de l’immigration ne date pas d’hier, même si le Léviathan privilégie la cooptation bureaucratique de « scientifiques » bien-pensants au sein d’institutions en proie à l’influence syndicale et militante. Il suffit de lire la presse pour constater les violences interraciales qui explosent ici et là dans nombre de pays développés, et qui opposent les minorités immigrées aux majorités blanches, les majorités blanches aux minorités immigrées, les minorités immigrées aux forces de police, et les minorités immigrées entre elles. Il suffit d’avoir des yeux pour voir la guerre civile larvée que se livrent quotidiennement les groupes ethniques et qui passe par une concurrence économique, démographique et sexuelle.

Les choses bougent cependant: à la confusion timorée de la Justice danoise dans l’affaire des caricatures de Mahomet s’oppose chez les nouveaux conservateurs britanniques une tardive prise de conscience que la politique multiculturaliste a pu saper la cohésion sociale – elle n’avait d’ailleurs pas d’autre but –, mais aussi que cet effet de sape s’avère de moins en moins contrôlable et qu’il est susceptible de menacer l’ordre établi lui-même.

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