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– Hedge funds, spéculation, et appât du gain

factoryLe rôle dévastateur des fonds spéculatifs

Les fameux « hedge funds » ont procédé en 2006 à des acquisitions records. Ces nouveaux acteurs de l’économie mondiale suscitent toutefois beaucoup de réserves et d’inquiétudes. Leur stratégie consiste à acquérir des sociétés en ayant recours à l’endettement (jusqu’à 80%), les gérer au mieux et les revendre quelques années plus tard en dégageant une plus-value afin de rémunérer leurs actionnaires. OPA, puis retour en bourse, sont l’alpha et l’omega de ces entreprises d’un nouveau genre. Emploi, développement, synergies sont loin d’être prioritaires.

Les milliards d’euros disponibles et la concurrence exacerbée entre les investisseurs font flamber le prix des sociétés et par conséquent le volume des dettes de financement. Les économistes s’inquiètent désormais ouvertement de la formation d’une bulle financière. Selon l’organisme britannique FSA (Finance Service Authority), “les niveaux actuels d’endettement et les développements récents du cycle économique” vont inévitablement provoquer “la défaillance d’une grande entreprise ou d’une myriade de petites entreprises rachetées par des fonds.». La Banque centrale européenne s’inquiète de l’influence des fonds sur la stabilité du système financier. Selon Philippe Matzowski, porte-parole du comité LBO (CGT), « la pression financière liée au remboursement de la dette d’acquisition est forcément préjudiciable à l’entreprise. Elle l’est pour l’emploi et pour l’investissement » (Source: Infinitudes, 29/01/2007)

Progressivement, on a assisté ces dernières décades à la prise d’un pouvoir quasi illimité des actionnaires ou de leurs représentants sur le management des firmes au détriment des autres acteurs de la vie de l’entreprise : managers, employés et société environnante. La « bonne gouvernance » telle qu’elle s’est développée a pour fonction d’assurer la transparence de la gestion au profit des investisseurs. Récemment, un petit fonds d’investissement spéculatif tel que TCI (à prétexte éthique mais basé aux iles Caïman…), a pu faire pression efficace sur le management d’ABN-Amro pour que la banque se rapproche de la Barclays, « dans l’intérêt des actionnaires ». Mais était-ce dans celui de l’entreprise? L’impact micro- et macroéconomique des fonds paraît négatif, même si une école de commerce de seconde zone a pu vanter récemment leurs avantages en termes de « liquidité » et de « diversité »…

poverty 3En effet, les investisseurs financiers poursuivent une logique qui, comme leur nom l’indique, n’est ni industrielle ni sociale. Pour faire monter les profits dans un horizon temporel le plus rapproché possible, ils sabrent dans tout ce qui n’est pas immédiatement rentable, l’emploi, l’investissement industriel, la recherche. Tant il est vrai que ces postes d’investissement à plus ou moins long terme n’intéressent pas la recherche de la profitabilité – surtout le personnel, dont l’apport à l’entreprise n’a jamais été démontré de façon palpable et chiffrable, ni traduit comptablement, malgré la rhétorique admise sur la « gestion stratégique des ressources humaines ». Par ailleurs, il n’y a aucun principe d’identité de l’entreprise, puisque elle n’est considérée que comme un paquet d’actions qui sera revendu tôt au tard au plus offrant.

Pour répondre à cette situation, il n’est pas souhaitable de reprendre les vieux schémas jacobins d’ATTAC sur la réglementation de la circulation des capitaux, ni les velléités réglementarices d’une Banque Centale Européenne inquiète de pallier les conséquences de sa propre politique. Il faut envisager une réforme du droit de l’entreprise qui reconnaisse l’intérêt des actionnaires, mais aussi celui de l’environnement social et naturel, ainsi que du salariat. Il s’agit de développer un équilibre entre ces différents principes. Autrement dit, l’entreprise doit s’intégrer dans la communauté, tout en recevant un véritable statut propre. Cela ne peut passer que par un partage du pouvoir de décision entre les actionnaires, le management et les autres acteurs, partage qui suppose l’institution de nouveaux organes de décision. Le "management socialement responsable" pourra alors dépasser le stade de la rhétorique.

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